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  • Photo du rédacteurIsabelle Schilling

Chapitre 2: Quelles sont les particularités d’un enfant précoce ?



« Les enfants précoces ne sont pas tout à fait des enfants comme les autres, mais comme les autres, ce sont des enfants. » Dr O. Revol, (2007) "Même pas grave ! L'échec scolaire, ça se soigne".


Je préfère, avant d’aborder les tests, le Quotient Intellectuel Total et l’aspect « rationnel, apparemment quantifié » du surdon, proposer des caractéristiques communes à ces enfants, liées à leurs comportements, sensibilités…

En effet, pendant mes activités de bénévolat à l’Association Française pour les Enfants Précoces (AFEP), j’accueillais au téléphone les parents qui se posaient mille questions sur leur enfant : les remarques de la maîtresse concernant son agitation, le fait que leur enfant avait peu d’amis, qu’il était triste en classe et revivait à la maison... La question de passer ou non les tests de QI, venait en dernier pour venir confirmer ou infirmer ce que certains parents redoutaient parfois. Eh oui ! si quelques-uns aimeraient savoir leur progéniture faire partie des 2.5% qui se situent à droite de l’échelle de Wechsler (cf. page 12) certains autres s’en seraient bien passés.

Bien que chaque enfant soit unique, on retrouve généralement chez les enfants précoces, garçon ou fille, un mode de pensée, des comportements ou attitudes communes qui se manifestent à des degrés différents.

Tout d’abord, le mode de pensée des enfants précoces et futurs adultes « surdoués » est différent de celui des autres enfants.

Les études sur le cerveau, IRM, tests sur différents groupes … démontrent entre autres :

- La vitesse de déplacement de l’information au sein de son cerveau est très rapide et peut atteindre les 3,5 mètres par seconde contre seulement 2 mètres par seconde chez les personnes d’intelligence normale. Ce qui peut expliquer l’impatience de ces enfants qui n’ont pas conscience de leur rapidité.

- Une hyperconnectivité des 2 hémisphères cérébraux, pour traiter une information, le cerveau surefficient active plusieurs zones simultanément au lieu de les traiter dans des zones bien localisées en fonction de la tâche à effectuer.

- Que le HPI utilise souvent préférentiellement l’hémisphère droit responsable du traitement simultané global des informations qui induit une pensée divergente ou en « arborescence ». Pour résoudre un problème, il va spontanément chercher toutes les options possibles avec les conséquences de chacune. Une idée en appelle une autre et ainsi de suite. D’où parfois une certaine lenteur dans l’élaboration d’une solution ou le traitement d’un sujet, il peut avoir de la difficulté à être efficace.

- L’EIP utilise mieux son cortex préfrontal, responsable de l’attention et du contrôle. Il peut ainsi passer des heures concentrées sur un sujet qui le passionne en oubliant de manger.

- L’EIP a une très grande capacité de mémorisation court et long terme mais si cette forme de mémoire lui permet de restituer une connaissance apprise, il n’a fait aucun travail d’élaboration sur le contenu et la structure de la connaissance à intégrer. Il doit donc apprendre à apprendre. De nombreuses Associations pour les enfants précoces proposent des ateliers de méthodologie d’apprentissages, ceux-ci ont beaucoup de succès.

- Chez un HPI le sommeil paradoxal est plus important et l’apparition du sommeil paradoxal plus rapide au cours d’un cycle. Les cycles sont moins longs (70 minutes au lieu de 90) et donc plus nombreux, pour une même durée de sommeil.

Pour expliquer en détail le fonctionnement du cerveau des HP, une vidéo est disponible en ligne. https://sciencespourtous.univ-lyon1.fr/les-enfants-precoces-cerveau-different/

Par ailleurs, il peut y avoir chez les enfants précoces un décalage plus ou moins prononcé entre leur développement intellectuel et leur rapport au monde en fonction de leur âge.

Voici 4 concepts créés par Jean-Charles Terrassier, et leur transcription au quotidien :

La dyssynchronie interne et sociale, « La dyssynchronie décrit le développement hétérogène spécifique et normal des enfants intellectuellement précoces (dyssynchronie interne) ainsi que les particularités de leur relation et intégration au contexte de vie (dyssynchronie sociale) ». Terrassier J.C. (2015)


- Dyssynchronie interne intelligence-psychomotricité : le langage est généralement bien maitrisé avec un vocabulaire choisi. Mais la main n’écrit pas aussi vite que la pensée et cela peut générer des crispations musculaires avec un tracé trop appuyé, voire irrégulier. Cette difficulté amène souvent l’enfant à réaliser des fautes car toute son attention est focalisée sur la tâche d’écriture au détriment de la grammaire.,

L’EIP est très attaché aux mots et à leur signification, ce qui peut être dérangeant lorsqu’une question lui est posée de manière « imprécise ». Par exemple, lors d’une interrogation « que pensez-vous de » … au lieu de « que savez-vous de », l’enfant précoce donnera son opinion alors que c’est sa connaissance du sujet qui est attendue.

L’EIP fait très souvent preuve de beaucoup d’humour, il aime jouer avec les mots.


- Dyssynchronie interne intelligence-affectivité :

L’effet “ loupe ” : « L’intelligence de l’enfant exerce un “ effet loupe ” non seulement sur la logique de l’environnement mais également sur sa perception et son interprétation des afférences affectives. L’acuité de son regard sur les autres et sur le monde aiguise une sensibilité qui n’a pas toujours les moyens d’intégrer sans dommage l’information reçue. Si l’effet loupe est positif lorsqu’il est au service de l’intelligence, il peut, par contre, fragiliser les enfants précoces car leur sensibilité offre facilement de multiples objets à leur anxiété. » Terrassier J.C. (2015)

Ce qui se traduit par :

- Une hypersensibilité à l’environnement qui crée en permanence un flux d’informations diverses. L’enfant ressent en qualité et en quantité une multitude de choses, comme s’il voyait le monde en 3D. Ce qui génère chez lui, des émotions, voire des angoisses.

- Une hyperesthésie est souvent constatée. C’est une sensibilité exacerbée des sens qui fait ressentir les stimuli extérieurs plus fortement : les bruits, les odeurs, les contacts tactiles, parfois la lumière… La personne hyperesthésique peut se sentir littéralement agressée par ces perceptions trop intenses.

- Une empathie très exacerbée, ce qui le fait ressentir l’émotion vécue par l’autre de manière quasi instinctive. Il comprend très rapidement le fonctionnement de l’autre, comme s’il lui faisait passer une IRM.

- Une susceptibilité à fleur de peau et difficulté à gérer l’échec ou la critique.

- Une aversion pour l’injustice, à son encontre et également vis-à-vis des autres, il peut facilement vouloir être justicier et vouloir rétablir « la justice » en négociant avec l’adulte.

- Une capacité parfois plutôt moyenne à gérer ses émotions, car celles-ci l’envahissent, le moindre petit fait peut déclencher un « cataclysme émotionnel ». Il peut donc être impulsif dans ses réactions. À moins qu’il ait « décidé » de s’en couper pour plaire d’abord à son entourage familial.

- Un développement affectif d’un enfant de son âge alors que son développement intellectuel est en avance.


- Dyssynchronie sociale :

- L’EIP a souvent du mal à trouver sa place dans un groupe, car ses centres d’intérêt sont différents de ceux de son âge : la vie, la mort, le bigbang, les dinosaures, la planète…

- Un questionnement quasi permanent. Pourquoi… et comment … ? sont ses préférées pour étancher sa soif de comprendre et d’apprendre. D’ailleurs, à ce propos, l’adulte peut se sentir mal à l’aise, et pourra trouver l’enfant provocateur, impertinent … alors que l’enfant cherche seulement à mettre du sens.

Pour exemple quelques mots de « Zébrillons » recueillis sur des forums

« ...Un jour, mon fils de 7 ans, répond assez distraitement aux questions que je lui pose. Je lui demande alors "mais donne-moi de vraies réponses". Il me répond "Mais oui maman, mais quand tu me poseras de vraies questions" (gloups) »

« J’étais en grande discussion avec ma fille de 4 ans, la vie la mort…et toi maman ? quand vas-tu mourir ?... Puis, une autre vie existe-t-elle après la mort ? Je tente une explication, puis me rappelant de son âge, lui réponds, tu es encore un peu jeune pour comprendre ces sujets. Elle me répond « essaye toujours, tu verras bien si je comprends » … »

- Une compréhension rapide qui rendra les répétitions (notamment en classe) vite ennuyeuses, donc il peut se mettre à penser à autre chose, gigoter, distraire les autres…

- Une remise en question permanente des règles et des lois qui lui semblent illogiques et à argumenter, voire même proposer à l’adulte des options qu’il n’avait pas envisagées. L’effet Pygmalion négatif : « La tendance à se conformer à l’attente du maître, bien décrite par Rosenthal et Jacobson qui ont mis en évidence « l’effet Pygmalion », va conduire dans ce cas à ce que je nomme “ l’effet Pygmalion négatif ” : L’enfant va tendre à renoncer à exprimer son véritable potentiel et se limiter à répondre à une demande qui le sous-estime. » Terrassier J.C. (2015)

Cet effet Pygmalion négatif vaut également pour ses camarades, pour certains précoces, il est très difficile d’être en dehors du groupe, donc il préfèrera s’adapter quitte à « régresser ». C’est aussi ce que l’on appelle le « faux-self ».


Le Q.I. compensé est une méthode complémentaire d’évaluation de l’indication de la prise d’une avance scolaire. « Le QI compensé s’établit en évaluant le niveau des réponses de l’enfant non plus en fonction de son âge réel mais en fonction de l’âge moyen des élèves qu’il va rejoindre dans la classe supérieure en prenant une avance. » Terrassier J.C. (2015)

La liste n’est évidemment pas exhaustive … je le rappelle, chaque enfant vit sa douance de manière différente, en fonction de son histoire, celle de sa famille, sa compréhension de son don, l’acceptation par l’entourage… et notamment le climat à l’école.


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